Comme beaucoup d’entre nous, nos premières valeurs humaines nous sont inculquées par nos parents, l’école y a contribué également.
En 2022, à notre tour en tant que parents, nous nous attachons à cette transmission de ces belles valeurs auprès de nos enfants tout en comptant toujours à cette contribution de l’école…
Cependant, entre notre enfance et celle de nos descendants, l’école, le monde et son contexte ont bien changé depuis les quarante dernières années et bien que la communication soit devenue omniprésente, elle n’a pas eu ce rôle facilitateur de bien transmettre ces valeurs universelles à nos enfants. Elle en a même tronqué, transformé en raccourci pouvant leur paraître parfois obsolètes, allant même jusqu’à créer une société aseptisée tendant vers la pensée unique, voire même tentée par la voie de la censure.
En évoquant le sujet de certaines valeurs auprès de ces enfants, malgré nos efforts, désabusés, nous pouvons encore entendre de la bouche de certains :
« À quoi ça sert de toute façon d’avoir des valeurs dans ce monde d’aujourd’hui? »
« Celui ou celle qui a des valeurs se fait manger par ceux qui n’en ont pas ! »
« Ceux qui réussissent n’ont aucune valeur ! »
Il faut l’entendre, l’écouter et le comprendre, malgré la surprise voire le choc de ces propos.
Ce fut un sujet de discussion récent avec ma fille de 16 ans, avec laquelle en substance je vins à lui déclarer : « …Les valeurs coûtent cher, cela peut représenter beaucoup d’argent, une forme de sacrifice de soi-même aussi, pourtant il est indispensable de se battre pour elles, car elles font de nous des humains complets et contribuent à notre bonheur intérieur… Être capable de se regarder chaque matin à travers son miroir avec respect et plénitude de ne jamais abandonner ses propres valeurs, être égal à soi-même quoi qu’il en coûte !… »
Ma fille connaît bien la vie de son père, elle l’a vécu à ses côtés, des moments longs et difficiles jusqu’aux victoires et à la reconnaissance qui furent tout aussi longue à venir :
« C’est vrai Papa, tu n’as jamais rien lâché !…
– Et tu vois, nous sommes de plus en plus heureux, chacun intérieurement et ensemble, c’est tout ce qu’il y a à comprendre, malgré les sacrifices, ces moments difficiles, ça en valait la peine, c’est ce que tu dois comprendre et je sais que tu sauras l’appliquer pour être à ton tour une belle jeune femme, complète et comblée… »
Je n’avais pas d’autre exemple sous la main que notre propre histoire afin de lui illustrer au mieux ces valeurs et leurs importances. Je lui ai donc expliqué d’où venaient les miennes afin qu’elle en comprenne cette importance et qu’elle les visualise peu à peu à travers notre vécu commun incluant nos évènements passés.
Comme je l’évoquais précédemment, dès mon plus jeune âge, j’ai été bercé par l’éducation de mes parents. Leur vision simple, logique, aimante, leur sens de ce qui est bien ou mal, issu de leur propre éducation à vouloir que leur fils devienne tout bonnement :
« Quelqu’un de simple, gentil, honnête, éduqué, avec une belle situation professionnelle le rendant heureux, une belle femme aussi gentille que lui, des enfants à leur image, etc… »
Bref, même si certaines valeurs peuvent contribuer à un cliché idéaliste à la limite de la guimauve, il n’en restait pas moins leur désir de façonner leur fils afin qu’il devienne : « un homme bien, un bon mari ! »
Durant l’enfance, ces valeurs inculquées sont prises au pied de la lettre, car on a tout à découvrir, à apprendre, puis en devenant de plus en plus adulte, certaines semblent avoir mal vieilli ou paraissent presque inutiles…
Fort heureusement, la réalité de la vie dans son avancement, les coups durs, les autres, viennent à faire rejaillir l’importance des ces valeurs jusqu’à l’aspect le plus vital de son existence à travers de multiples évènements : la décision d’un changement de mode de vie, de métier, une séparation ou un divorce, la garde des enfants, un accident, la perte d’un proche, les impôts, la Justice qui parfois étant aveugle ne voit donc pas la vérité… À cela nous pouvons même y ajouter une actualité : la guerre qui remet au goût du jour l’importance de ces valeurs…
À travers ces évènements, combien de fois nous sommes-nous sentis seuls d’un avis personnel contre tous ?
D’une vision, d’un sentiment non partagé ?
D’une incompréhension menant à une abnégation provoquée, presque forcée ?
Combien de fois avons-nous été tentés de cacher nos sentiments ? Par peur de moquerie ou pour ne pas froisser.
Combien de fois avons-nous été tenté d’abandonner ? De renoncer soi-même à ses propres valeurs pour se laisser aller à l’avis général, au sens commun, aux « biens pensants » qui sont pourtant extérieurs à notre vie, à nos sentiments intérieurs.
Combien de fois et pour tous ces faits, avons-nous gardé ce silence, pesant, à ne pas ou plus s’ouvrir aux autres, ne plus partager nos trésors de pensées, de bons mots, de solutions possibles, à sombrer dans la négativité, l’incompréhension, allant même jusqu’à s’effacer et presque renoncer à notre propre vie ?…
Pourtant nous ne l’avons pas fait…
Car la solution était simple, en nous, certes alimentée par notre éducation, guidée par nos propres certitudes ou nos croyances, mais surtout elle venait de notre être le plus profond, NOTRE CŒUR !
Il est impossible de lutter contre lui, ses sensations sont impossibles à renier, car tout naturellement on ressent, ON SAIT !
Mais parfois, nous avons oublié, dans une vie qui avance trop vite, à faire le contraire de ce qu’il aurait fallu, ces évènements de la vie nous remettent en place, nous corrigent, nous rappellent, nous éduquent à nouveau avec cette notion nouvelle, simple, à travers les non-dits de l’éducation de nos parents, dans l’absence de discours sur la question au sein de l’école : ÉCOUTER SON CŒUR !
C’est pourtant simple ? Mais pas simpliste, ni une faiblesse, j’insiste !
Ce n’est pas un discours léger ou acidulé de Miss France qui rêve de paix dans le monde, à la conquête de son élection, ni le prêche d’un évangéliste américain qui hurlera à son public en direct à la télé : « listen to your heart ! »
Mais bel et bien une réalité et une pratique simple à appliquer à soi-même : FAIRE APPEL A SON AMOUR !
J’ai mis très longtemps à trouver les mots pour définir ces valeurs : une fois encore, certaines coulaient de source par mon éducation et j’en appliquais d’autres sans en être vraiment conscient. La pratique des arts martiaux japonnais m’avaient apporté une partie de mes réponses lorsque j’avais commencé à 10 ans, puis ayant arrêté par la suite, c’est 30 ans plus tard en reprenant que j’ai redécouvert ces valeurs formant un ensemble plus précis de valeurs dans lesquelles je me retrouvais entièrement, devenant ainsi ma référence profonde, les 7 valeurs du BUSHIDO !
義 – Gi – Droiture
勇 – Yu – Courage
仁 – Jin – Bienveillance
礼 – Rei – Respect
誠 – Makoto – Honnêteté
名誉 – Meiyo – Honneur
尽忠 – Chugi – Loyauté
J’y mettais alors des noms, mais comment devais-je les utiliser ?
Il me fallut quelques accidents physiques successifs, m’immobilisant, me laissant cette chance d’avoir du temps pour guérir au lieu d’avoir à « prendre mon temps » pour me poser de cette vie trop rapide : de réfléchir, de m’interroger, d’aller jusqu’à tester la méditation guidée en pleine conscience. Moi le cartésien, le non-croyant, je me surpris à aller chercher des réponses « ailleurs », dans l’incompréhension de mes accidents, jusqu’à ce qu’une phrase récurrente me revienne à l’esprit : « Sois toi-même, écoute ton cœur, écoute l’Amour qui est en toi, n’en déroge pas… »
Alors, comme face à une révélation, j’ai appliqué, systématiquement : faire transiter mes pensées et mes actes par mon cœur, de tout mon Amour. J’ai découvert aussi que dans le passé j’avais déjà pratiqué, sans me poser la question, inconsciemment, cette redécouverte fut très rassurante !
Après cette prise de conscience, j’entrai dans un état total de compréhension, jusqu’à ce que certaines réponses à mes silences apparurent également au grand jour : ma façon de vivre, un meilleur état de santé, mon métier, mon divorce et ma relation avec les femmes qui s’en suivit, la garde de mes enfants, le rachat de ma maison, la Justice enfin à l’écoute, les autres, oui les autres…
Ceux qui ne savaient rien mais qui avaient ce regard à mon encontre dans lesquels je lisais « responsable ! », leur critiques dans mon dos, les rumeurs, les jugements, leur classement à part tel un paria. J’en ai souffert 10 longues années entrecoupées de silences et d’éclats de colère, ne cessant néanmoins de me dire : « un jour… » Ce premier jour fut celui de cette grande compréhension de l’utilisation de cet Amour immense à l’intérieur de mon cœur tel un guide, celui de ma vie…
« Loi de l’attraction », « Karma », chacun nommera les faits comme il l’entendra, moi je l’ai vécu comme une réalité : je mettais accroché à mes valeurs depuis toujours, inconsciemment dorénavant consciemment, peut-être s’agissait-il seulement de le comprendre, de l’accepter, de l’embrasser pour que tout arrive enfin.
Ma vie changea, pour plus de positivité, les réponses ne cessèrent de se succéder, de se concrétiser dans la réalité sur tous ces points qui me tourmentaient et représentaient de vieux combats presque oubliés. Des réponses, des victoires après 2 ans, 5 ans, 10 ans, je n’arrivais plus à y croire moi-même tellement tout était inespéré au point d’en arriver à de belles finalités… À l’annonce de ces belles nouvelles, le regard de ces mêmes « autres » changea du tout au tout, du paria à la bénédiction, « Wow !Il avait raison…(ce con) », du maudit au héros, du perdant au gagnant…
Je n’ai pas de rancœur, plus de colère ou de haine, j’ai même pardonné, une autre phrase me vint alors à l’esprit : « J’avais raison… »
Raison de m’être accroché à mes valeurs sans jamais les avoir abandonné, raison d’avoir suivi mes convictions, raison d’avoir dépensé beaucoup d’argent pour certaines mises en œuvre, raison inconsciemment et consciemment, raison d’être resté seul dans tous ces combats…
Que dire d’autre alors à ma fille qui a vécu tout ça, cet avant et après, son père qu’elle a toujours vu combattre, résister, sans jamais pouvoir en imaginer les issues à travers l’espoir qui ne faisait que virevolter, les doutes, ne laissant que peu de place à l’ imagination de beaux dénouements, et pourtant…
Alors, je lui ai terminé ma démonstration avec cette seule phrase :
« Tu es une jolie petite jeune fille, intelligente, drôle, facile à vivre, un rayon de soleil pour tous ! Tu te forgeras toi-même tes valeurs, ne les laisses jamais de côté, que tes pensées et tes actes soient guidés en permanence par cet Amour qui t’inonde intérieurement, écoute ce que ton cœur ressent, car là est la seule vérité, n’abandonnes jamais ça ! Tu auras certes parfois le sentiment de perdre, surtout au regard des autres. D’autres fois tu te sentiras seule, peut-être, mais tu sais que ton vieux père sera toujours là pour toi, pour en discuter et qui de mieux placé pour comprendre ? On sait ce que nous avons vécu… Certains combats, certaines réponses, certains résultats seront plus ou moins longs, mais par ton cœur et ton Amour tu réussiras toujours, par l’application stricte de tes propres valeurs tu vaincras et parviendras à l’harmonie, au bonheur, ce sera ta belle et longue vie. »
Puis sur un ton humoristique, à imiter un Dieu grec s’adressant aux hommes, j’ajoutai solennellement tout en tentant de ne pas éclater de rire : « … Et tu seras une femme, ma fille ! »
Ylan Corso.