Relations toxiques

Citation Le plus fort ce n’est pas mon père…

Le plus fort ce n’est pas mon père…

Mais j’aurai tellement voulu que mon père soit mon héros… tsé comme pense la majorité des enfants…  Même adulte, j’aurai aimé être fière de mon père, fière d’être sa fille… Mais, mon père à moi, il est hum… je n’arrive toujours pas à finir cette phrase parce que je ne sais pas quoi écrire exactement. Ce que je sais, par contre, c’est que le plus fort ce n’est pas mon père.

Mes parents se sont séparés alors que je n’étais encore qu’une jeune adolescente. Étant issue d’une famille qui semblait heureuse et épanouie, pas riche pas pauvre, on peut dire que j’ai eu une enfance pas mal normale malgré tout. On pourrait croire que cet événement m’a dévastée. Mais en réalité… pas du tout. Ceux qui nous connaissent vous diront qu’ils ne sont pas surpris du tout  parce que, au delà des apparences, mon père était parfois weird aux yeux des gens qui gravitaient autour de nous.

J’ai vécu mon enfance comme la plupart des autres enfants de mon âge. Mon père est présent, mais c’est principalement ma mère qui s’est occupé de moi. Mon père avait plutôt le rôle de l’autorité parentale, et j’avais intérêt à ne pas désobéir parce que, moi, mon père, j’en avais peur. Ayant été témoin de quelques épisodes de violence, j’ai vite appris à ne pas trop le contrarier. J’étais, malgré tout, trop petite pour comprendre que mon père nous aime, mais il nous aime mal. Dans ma petite tête d’enfant, mon père, c’est mon héros! Avec le recul, aujourd’hui, je sais que mon père nous aimait, ma mère et moi, mais il ne savait pas toujours comment le démontrer adéquatement. Son amour était possessif, violent, colérique, menaçant, jaloux et surtout très nuisible au sein de notre dynamique familiale et au sein de tous les gens qui l’ont côtoyé.

Ce matin-là, c’était un matin comme tant d’autres, mon père se levait très tôt pour se rendre au travail puis ma mère est venue me réveiller pour l’école. Mais, quand mon père est parti ce matin-là, je savais que c’était la fin de ma cellule familiale. Ma mère avait préparé une petite valise avec nos effets personnels, un peu de vêtements et une enveloppe qu’elle laissa sur la table de la cuisine et c’est comme ça qu’on s’est sauvés de la maison. Ma mère avait analysé la situation avec toutes les options possibles, mais elle nous sentait suffisamment en danger pour décider de quitter de cette façon. Avec le recul des événements qui se sont succédés par la suite, je dirai qu’elle a eu bien raison.

Ce matin-là, j’étais nerveuse et un peu angoissée, mais je ressentais aussi comme un immense soulagement. Malgré la peur, je ne savais pas ce qui allait se passer à partir de ce moment. Au début, je me suis énormément culpabilisée, je ne comprenais pas pourquoi ça devait se passer comme ça. Comment ma mère en était arrivée là? Puis j’me suis rappelée quelques épisodes traumatisantes au cours de ma jeune vie qui, normalement, ne devraient pas faire partie de mes souvenirs d’enfance…

Je fus un bon moment sans voir mon père et ce, pour ma propre sécurité et pour ma santé mentale afin de me permettre de passer au travers cette houleuse étape sans y laisser ma peau. J’ai eu besoin de recul et de réflexion. J’ai fait malgré toutes quelques tentatives de réconciliation à plusieurs reprises. Peut-être pour lui donner une chance de se réapproprier le nom de ‘papa’ ou pour me prouver qu’il avait compris de ses erreurs et qu’il pouvait rétablir une relation père-fille sur des bases plus saines. Mais surtout parce que tsé, malgré tout, ben c’était mon père et j’étais SA petite fille unique. Mais malheureusement ses agissements étaient plus souvent qu’autrement inadéquats. J’étais, à chaque fois, témoin et confrontée à un certain nombre de choses dérangeantes et blessantes envers moi, mais aussi envers les autres. Ça partait de p’tites blagues ironiques déplacées, dénigrantes, offensantes et malaisantes et ça pouvait se terminer par des épisodes de violences. J’me suis toujours demandée pourquoi mon père n’avait pas de cercle d’amis, ni pourquoi il n’entretenait pas de relations avec des membres de sa propre famille. J’en suis venue à la conclusion que mon père est incapable d’entretenir des relations saines avec qui que ce soit.

J’ai fini par couper définitivement les ponts quand mon fils avait environ 3 ans et quand j’ai finalement réalisé que c’est pas supposé être comme ça le rôle d’un papa pis que, comme je pouvais rien changé à ça, j’ai jugé que j’avais le droit de me passer de cette relation toxique. La décision de ne plus inclure mon père dans ma vie s’est faite assez difficilement. Objectivement, ma vie est meilleure depuis que je n’ai pas de contact avec lui, et je suis réellement persuadée que c’était la solution à mon équilibre. Mais, concrètement, c’est un peu plus compliqué puisque ce n’est pas dans la nature humaine de renier son propre parent. Parfois, on me demande s’il est vivant car, après tout, je n’en parle jamais. C’est pour moi toujours un peu embêtant d’avoir à répondre aux questions du genre «ton père il est ou?» «Tu le vois pas?», «Pourquoi tu n’en parle pas» ou «Pourquoi tu parles de lui comme d’un étranger?» Peu de gens comprennent vraiment comment je me sens face à ce sujet. Pour eux, on ne peut pas se détacher de son père. On ne peut pas ne plus l’aimer. C’est trop étrange. Alors souvent, ils restent muets avec les yeux pleins de points d’interrogations… Mais le plus difficile c’était de répondre à mon fils, en essayant de trouver les bons mots quand j’lui confirme qu’il a un grand-papa, mais qu’il ne le connaîtra jamais.

J’ai longtemps fait semblant que je n’avais pas de père, comme s’il avait jamais existé. J’ai aussi essayé de l’enfouir au plus profond de mon cœur en prenant soin de bien refermer à double tour en espérant qu’avec le temps il disparaîtrait. À un certain moment, je voulus changé de nom, enlever toute trace de lien familial avec lui. Je ne voulais plus de son sang  qui coule dans mes veines et qui nous unis envers et contre tout. J’ai essayé de te détester, pour toute la peine que t’as infligé aux personnes que t’es supposé aimer et protéger, ceux que tu appelais jalousement ‘ta famille’. Je pense aussi à ceux à qui t’as fait du mal autant psychologiquement que physiquement. B’en oui papa, ton comportement a aussi détruit l’innocence d’une personne qui croyait aussi que tu étais le plus fort…

Malgré tous les efforts mis en place pour te garder loin de moi, je sais que j’ai hérité de certains de tes traits de caractère et je lutte à chaque instant pour ne pas les laisser m’envahir. J’essai de les transformer en qualités qui me permettre d’avancer, de prendre ma place et d’être plus forte face aux difficultés, mais c’est pas toujours facile et parfois j’ai peur de finir par te ressembler parce que tsé moi je t’ai pas choisi et ton héritage génétique j’la veux pas pis j’ai pas envie de me faire dire que j’suis comme mon père ou que je te ressemble. Chaque jour, je m’efforce d’être une meilleure personne. Pis ça b’en c’est pas grâce à toi, mais grâce aux personnes que j’ai choisie d’être présents dans ma vie.

Si je parle de mon père aujourd’hui c’est pour que l’on comprenne que la présence d’une telle relation, même si elle fait partie de sa propre famille, est nocive et il ne faut pas culpabiliser si l’option d’y mettre fin demeure notre solution. Elle ne doit en aucun cas être considérée comme une honte mais comme une chance. J’ai choisi de me libérer et de m’entourer de gens qui me font grandir positivement. Pis j’suis soulagée quand on me dit que j’suis pas comme toi. Pis qu’on m’aime pour ce que je suis, MOI. J’ai encore du travail à faire, mais j’vais y arriver parce que j’ai décidé de nous désunir… en espérant que les dernières traces de toi finiront par se dissiper complètement avec le temps…

Nathalie

par Nathalie Comtois

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