Fatigue, pression, découragement, besoin excessif de reconnaissance, d’accomplissement, de sécurité ou encore de valorisation hiérarchique, autant de symptômes qui peuvent venir perturber l’équilibre qui règne dans votre vie sentimentale et familiale. Que faire lorsque votre vie professionnelle commence a prendre l’ascendant sur votre vie amoureuse ? Comment concilier la vie professionnelle avec la vie personnelle ?
Vouloir tout donner pour son travail paraît appréciable, mais à quel moment faut-il prendre du recul pour ne pas s’y perdre définitivement ? Faut-il se donner corps & âme pour n’obtenir rien qu’un brin de valorisation passagère, une promotion ou encore une augmentation financière au détriment de ce que vous avez construit indépendamment de la sphère professionnelle ?
Que faire de votre vie après votre journée de travail ? Est-il nécessaire de la mettre entre parenthèses ? Faut-il consacrer sa vie entière à la réussite professionnelle pour encore et toujours se prouver de quoi nous sommes capables (et prouver également à autrui) au risque de causer du tort à ceux qui partagent notre vie et réclament uniquement un soupçon de notre présence ?
Être un bosseur est, à mon sens, une belle qualité si et seulement si notre obsession pour le travail bien fait ne se transforme pas en une dictature intérieure visant à nous imposer un rythme de folie qui viendra tôt ou tard balayer sur son passage tous les autres domaines de la vie et y compris les valeurs qui s’y attachent.
D’autres questions me taraudent l’esprit :
- Pensez-vous qu’à la fin de votre vie, ce soit ces mêmes réussites qui vous reviendront à l’esprit ou au contraire, tous ces magnifiques moments de complicité et d’amour que vous aurez eu la chance de vivre tout au long de votre existence ?
- Pensez-vous que c’est le souvenir de votre première promotion ou celui de votre poste à haute responsabilité qui vous reviendra à l’esprit lorsque vous serez aux prises avec la maladie ?
- Pensez-vous que c’est lui qui viendra vous dire « je t’aime » avec autant de douceur, d’authenticité et d’innocence que savent le faire vos enfants ?
- Pensez-vous que c’est lui qui viendra vous réconforter lorsque votre moral est plus bas ?
On ne se pose pas assez ce genre de questions, car on a toujours l’impression de tout gérer au point de rendre notre réussite professionnelle indissociable à notre bonheur. Il nous arrive même de parler de sacrifices pour arriver à notre but final jusqu’au jour où le burn-out, le conflit ou encore l’abandon de l’être aimé vient nous faire les yeux doux.
À trop chercher ce perfectionnisme ainsi que ce besoin constant d’en vouloir toujours plus, on finit par en oublier en chemin ce qui nous faisait vibrer hier encore. On en devient indifférent à l’autre, à ses besoins et requêtes incessantes contentant de rétorquer à longueur de temps, des phrases types telles que : « Je travaille pour vous offrir la meilleure vie possible » ou encore « tu devrais me remercier de toujours en faire plus, car grâce à moi, nous pouvons mener une vie plaisante ». Ce que vous n’avez pas compris, c’est que l’autre ne nie pas ce fait ni ne vous le reproche en tant que tel, mais émet simplement son souhait de partager plus de temps avec vous. Ceci est une preuve d’amour.
L’autre a beau user de toute son énergie pour se faire entendre et faire valoir la place qui fut sienne, notre indifférence est telle que nous ne percevons pas sa détresse, bien trop occupé à penser à cet accomplissement personnel et professionnel dans lequel nous nous engageons à coeur perdu.
Ego, si tu m’entends ! Vouloir toujours aller plus haut et toujours plus loin en accumulant toujours plus de travail, de pression et d’obligations mène parfois à toujours plus de frustrations et de frustrations qui se répercutent sur notre environnement envers lequel nous accumulons les maladresses dans notre façon de lui témoigner notre amour.
Je peux comprendre que vous vous sentiez déçu lorsque le résultat pour lequel vous vous êtes donné tant de mal n’a pas l’effet escompté. Je peux même ressentir ce sentiment qui vous parcoure lorsque vous vacillez entre ce trop-plein émotionnel au bord de l’implosion et cette insatisfaction que vous ne pouvez vous empêcher de diriger vers la mauvaise cible, à savoir votre entourage le plus proche, conjoint(e) et enfants compris. Cela est votre première erreur !
Vous quittez votre travail avec ce sentiment d’inachevé, de non-accomplissement voir de doute sur votre valeur personnelle et n’arrivez pas à laisser ce bagage émotionnel derrière vous, mais l’emportez bel et bien au sein de votre foyer. Vous ressassez en boucle vos erreurs et tentez même d’y remédier pour repartir de l’avant dès le lendemain.
Par conséquent, vous n’êtes plus disponible pour l’autre tant ces émotions prennent le dessus !
Votre présence auprès des vôtres n’est que physique et non plus authentique. Sans même vous en rendre compte, vous vous êtes enfermé dans un cercle vicieux dans lequel vos proches n’ont semblent-ils plus la place qu’ils méritent.
Votre seconde erreur est d’entraîner ceux que vous aimez dans votre mal-être alors que ces derniers n’ont rien à voir avec ce qui se passe dans votre intériorité. Vous projetez tout simplement sur eux un état interne qui ne leur ai pourtant pas destiné.
Vous savez, la vie n’est pas un long fleuve tranquille comme il est coutume de l’entendre parfois. Elle épuise et use à certains moments, que ce soit moralement et/ou physiquement. Elle nous octroie des priorités qui ne semblent pas l’être au détriment des choses précieuses qui se doivent d’être cultivées au quotidien.
N’attendez pas de briser votre belle histoire d’amour ainsi que votre famille pour réagir. Après, il sera trop tard, mais aussi beaucoup plus douloureux de se reconstruire.
- Posez-vous calmement et demandez-vous si votre travail mérite plus que considération que l’amour que vous portez à ceux qui vous sont chers ?
- Devez-vous « abandonner » tout ce qui anime votre coeur pour une réussite professionnelle qui ne pourra à elle seule remplir votre réservoir de bonheur ?
- Votre frustration est dirigée vers la bonne personne et s’il est judicieux de continuer à « salir » celle ou celui que vous aimez pour quelque chose qui ne lui appartient pas ?
À ces questions, je réponds NON !
Mais pour changer cela, il faut être capable de relativiser, de laisser les attentes et problèmes sur le plan professionnel à leur juste place et d’y repenser quand votre esprit est plus léger et plus apte à les accueillir avec bienveillance.
Cela vous permettra d’entrer dans un nouvel état d’esprit une fois la porte de votre foyer franchi. Ce n’est pas simple, je le conçois. Il n’est pas facile de « switcher » son comportement en un claquement de doigt, surtout lorsqu’on est pris entre ce trop-plein émotionnel et cette petite voix qui ne cesse de nous murmurer que nous ne sommes pas la personne « parfaite » à laquelle nous inspirons.
Pour être tout à fait transparent avec vous, je me suis rendu compte récemment que j’alimentais un « perfectionnisme ou devrait dire un idéalisme contre-productif ». Je me laissais gouverner par ma soif de réussite (de TOUT réussir) sur le plan professionnel, me mettant chaque jour un peu plus de pression.
Mais pour quels résultats ?
- Une énergie plus basse que d’habitude.
- Une indisponibilité associée à une once d’agressivité envers ceux que j’aime plus que tout.
- Une contre-productivité au niveau du contenu de mon travail.
- Une insatisfaction totale combinée à une perte d’amour.
J’en devenais agressif, méprisant, indifférent envers les miens et les premiers à m’enseigner les bons enseignements furent mes enfants.
- Comment faire pour composer avec un père et un mari qui n’est que l’ombre de lui-même ?
- Comment faire pour profiter d’une présence qui n’est pas « saine » ?
- Comment faire pour partager avec quelqu’un qui est émotionnellement absent ?
À force de voir la tristesse dans les yeux de ceux que j’aime, c’est mon cœur de papa, de mari et d’homme à part entière qui a fondu en larmes.
Aujourd’hui, je prends la décision de me consacrer à ce qui est essentiel pour mon véritable bonheur, à savoir ma famille, sans qui je ne serais probablement pas la personne que je suis à l’instant où je vous parle.
Je ne suis pas seulement entrepreneur, je suis mari, père et homme et dans chacun de ces rôles qui m’incombent, j’y trouve une source d’amour.
J’ai compris que ma réussite ne se limitait pas à l’aspect professionnel. J’ai compris que ma valeur en tant que personne ne se définissait uniquement pas à travers ce que j’arriverais à entreprendre.
Aujourd’hui, ma réussite se nomme amour de soi, apprentissage et partage. Elle se nomme respectivement Capucine, Apolline & Juliette sans oublier mon épouse sans qui, rien n’aurait été possible.
J’ai compris que ma réussite n’est rien sans mon bien-être quotidien. C’est cette dernière et uniquement cette dernière qui se doit d’être alimentée quotidiennement. Je m’ouvre à présent à ce que la vie me donne à chaque instant en étant pleinement dans la gratitude pour cet amour qui m’inonde de toute part. Pour le reste, je suis et resterais un être perfectible qui ne cesserai jamais d’évoluer et de s’améliorer, tout comme chacun d’entre nous.
La vie est courte ! Lâchez ce qui doit être lâché et ne restez pas accrocher à un but s’il vous prive de nombreux autres. Ne laissez pas votre santé et votre amour de côté pour ne connaître qu’une richesse matérielle ou encore une valorisation sans réelle saveur.
Sentez-vous libre de revoir votre définition de la réussite, car un jour une personne a dit : « la vie est faite pour vivre et non pas pour réussir. »
Avec bienveillance,
Geoffrey CudizioCe texte vous a été utile ?
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