Tu m’as aimé pour ce que tu voyais en toi

Tu m’as aimé pour ce que tu voyais en toi

Tu as été attiré vers moi parce que je reflétais ce que tu aimais en toi. Avec le temps, tu t’es éloigné parce que je reflétais aussi ce que tu n’aimais pas en toi.

Il y a quelque chose d’étrange, presque magique, dans la façon dont deux âmes se croisent. Pas un hasard, mais une force d’attraction qu’on ne peut pas toujours nommer. Tu es venu vers moi, comme un papillon attiré par une lumière. Je brillais, d’une certaine manière, mais ce que tu voyais n’était pas seulement ma lumière. C’était la tienne. Celle que tu ne voyais pas ou que tu ne voulais pas reconnaître.

Ce que tu aimais en moi, c’était toi. Pas moi, mais cette version idéalisée de toi-même que je te renvoyais. Un miroir, voilà ce que j’étais. Je t’ai donné une image, une vision, un éclat. Chaque mot, chaque geste, chaque regard était comme une confirmation de ta propre valeur. Tu te voyais à travers mes yeux et, pour un instant, ça suffisait.

Mais les miroirs ont une autre face. Une face que tu n’as pas voulu voir tout de suite. Celle où les fissures commencent à apparaître, où les reflets deviennent moins flatteurs, plus bruts. Et c’est là que tout a changé. Le miroir que je représentais n’était plus seulement doux et lumineux. Il devenait inconfortable, presque brutal.

« Les relations sont comme des miroirs : elles nous montrent qui nous sommes vraiment. »
– Gary Zukav

Tu aimais l’image que je te donnais, mais tu détestais celle qui révélait ce que tu cachais. Les doutes, les failles, ces parties de toi que tu fuyais. Ce que tu ne supportais pas chez moi n’était qu’un écho de ce que tu refusais de regarder en toi-même. Mes défauts, mes erreurs, mes silences… Tout cela ne faisait qu’appuyer sur des zones sensibles que tu avais soigneusement évitées toute ta vie.

Au début, tu essayais de ne pas y prêter attention. Tu te disais que c’était moi, que j’étais le problème. Mais ce n’était jamais moi. C’était toi. Mon rôle, sans le vouloir, a été de te montrer à la fois ce qu’il y avait de plus beau et de plus sombre en toi. Et ça, c’est insupportable, n’est-ce pas ?

On cherche toujours dans l’autre une forme de rédemption. Quelqu’un qui nous complétera, qui nous guérira, qui fera disparaître nos blessures. Mais la vérité, c’est que personne ne peut porter ce poids pour toi. Pas même moi. Ce que je reflétais n’était qu’un rappel : tu avais du travail à faire sur toi-même, et ce travail ne dépendait que de toi.

« Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes. »
– Anaïs Nin

Tu as commencé à prendre de la distance. Subtilement d’abord, puis de façon plus évidente. Chaque dispute, chaque reproche, chaque moment de silence était une étape de ton éloignement. Tu ne pouvais plus supporter le miroir que j’étais devenu. Parce que ce miroir ne mentait pas.

Et moi, dans tout ça ? J’ai essayé de comprendre. De t’aimer malgré tout, de t’aimer dans ce processus de rejet. Mais comment aimer quelqu’un qui refuse de se voir ? Comment rester proche de quelqu’un qui fuit non pas toi, mais ce que tu lui renvoies ?

Je t’ai vu te débattre avec toi-même, projetant tes batailles internes sur moi. J’étais devenu l’ennemi parce que c’était plus simple. Plus simple de me blâmer que de regarder en face ce que je révélais. Plus facile de m’éloigner que d’affronter tes propres ombres.

L’amour, le vrai, n’est jamais simple. Il n’est pas cette romance parfaite qu’on imagine. Il est un miroir, une confrontation, un défi constant. Mais tout le monde n’est pas prêt à ça. Tout le monde ne veut pas se voir dans le regard de l’autre. Et toi, tu n’étais pas prêt.

« Aimer quelqu’un, c’est lui donner le pouvoir de nous refléter nos propres failles. »
– Brené Brown

Avec le temps, ton éloignement est devenu une évidence. Pas un choix conscient, mais une réaction instinctive. Tu n’as pas fui parce que tu ne m’aimais plus. Tu as fui parce que tu n’arrivais plus à t’aimer à travers moi.

C’est drôle, tu sais, de penser à ça maintenant. Je me demande parfois si tu te rends compte de ce qui s’est passé. Si tu comprends pourquoi tout a changé. Si, en me quittant, tu pensais me fuir, ou si tu savais, au fond, que c’était toi-même que tu fuyais.

Mais voilà ce que je veux que tu saches : je ne t’en veux pas. Je ne t’en ai jamais voulu. Comment pourrais-je t’en vouloir pour un combat que tu menais contre toi-même ? Ce que je sais, c’est que mon rôle dans ta vie n’était pas de te garder, mais de te montrer. De te montrer ce que tu étais capable d’aimer, et ce que tu devais encore apprendre à accepter.

Si je pouvais te dire une dernière chose, ce serait celle-ci : le miroir que je représentais ne disparaîtra jamais complètement. Même si tu as brisé ce lien, même si tu as tourné le dos, ce que je t’ai montré reste là. Parce qu’il ne s’agissait jamais de moi, mais de toi.

« Ce que tu cherches chez l’autre se trouve souvent en toi-même. »
– Thich Nhat Hanh

Un jour, peut-être, tu trouveras quelqu’un d’autre qui reflétera à nouveau ces parts de toi que tu aimes et celles que tu rejettes. Et peut-être, cette fois, tu seras prêt à les regarder en face. Peut-être que tu apprendras à aimer ces ombres, à les intégrer, à les transformer.

Parce que c’est ça, au fond, le véritable amour. Pas un jeu de reflets parfaits, mais une danse avec ses propres ombres. Une capacité à se voir entièrement, à accepter l’ensemble, à aimer malgré les fissures.

Et si jamais tu y arrives, si un jour tu te regardes dans un autre miroir et que tu te vois vraiment, entièrement, sans détourner le regard, alors sache que je serai fier de toi. Fier, non pas parce que tu es resté ou parti, mais parce que tu as osé te voir. Parce qu’au final, ce n’était jamais moi. C’était toujours toi.

Moi aussi, je me voyais dans un miroir. J’y voyais une personne capable de reconnaître ce jeu de reflets, capable de voir au-delà des apparences et des illusions, capable d’assumer son ombre. Mais ce n’était pas toi que je voyais. Ce n’était jamais toi. C’était toujours moi.

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