Punition, répression, même combat et même absence de résultat

Punition, répression, même combat et même absence de résultat

J’ai commencé récemment une formation en psychologie positive, et j’ai découvert, à ma grande joie, que cette science humaine déborde largement le cadre individuel pour s’intéresser aux institutions, à la société, à la politique, à l’économie… et je suis tombée sur un extrait d’article parlant de l’inefficacité de la punition pour les enfants.

Cela a fait écho à une émission de radio où était évoqué le problème de répression en particulier sur les routes, et me conduit à vous proposer cet article aujourd’hui.

Responsabilité individuelle et collective

Pour démarrer, je vous propose un petit tour de la notion de responsabilité.

Qu’est-ce que la responsabilité ?

La responsabilité c’est comprendre que chaque droit individuel s’accompagne de devoirs collectifs. C’est accepter que nous sommes acteurs de notre vie, au sens propre du verbe agir.

Cela nous donne accès à tous les possibles, à condition d’accepter les 2 faces, les 2 versants de cette action : la liberté et la responsabilité.

Car l’une ne va pas sans l’autre.

C’est d’ailleurs la base du problème de nos sociétés hiérarchisées et individualisées.

 

Le problème de la hiérarchie directive

Donner une place à chacun dans une société est un problème ancien, que toutes les philosophies du monde ont décortiqué.

La plupart des sociétés actuelles ont mis en place un système pyramidal, avec un chef (élu ou autoproclamé), et des intermédiaires, plus ou moins nombreux, avec la masse du peuple.

La pyramide en elle-même n’est pas problématique, c’est une forme géométrique qui indique que le sommet est soutenu par la base sur laquelle il repose. Si on y réfléchit, c’est même un système plutôt sain et équilibré. Le sommet peut monter plus haut, à condition d’élargir sa base pour avoir le soutien nécessaire.

Cependant, les applications humaines de ce système ont porté des dérives, et ce, quel que soit le système politique utilisé, démocratie ou autocratie, la nuance (de taille dans la vie quotidienne) est sur le niveau de commandement directif imposé.

Qu’est-ce que j’appelle la hiérarchie directive ?

Un système où le sommet de la pyramide, puis chaque niveau intermédiaire, impose des décisions au niveau inférieur, en ne donnant que la consigne, mais pas la raison et l’explication de la consigne.

En général, tous ont de très bonnes raisons, à leurs yeux tout du moins, d’agir ainsi. Le niveau inférieur n’a pas toutes les données pour comprendre (forcément on ne les lui a pas données), il n’a pas le niveau d’habilitation ou l’intelligence nécessaires, nous sommes là pour lui éviter d’avoir à se poser trop de questions…

Si on réfléchit un peu, rien de cela ne tient. Car le seul objectif d’agir ainsi, c’est l’incertitude de notre propre place, la peur de perdre ce statut si chèrement acquis, l’illusion de la puissance et du pouvoir.

Prenons un exemple. Monsieur A veut aller à Lyon pour un RV place Bellecour à 14 heures, il part de Paris, et Madame B est conductrice de taxi.

Scenario 1 – Hiérarchie directive

Monsieur A, chef, monte dans une voiture et dit à Madame B, la conductrice, de le conduire. Où voulez vous aller demande-t-elle ? Vous n’avez pas besoin de le savoir répond-il, je vous donnerais toutes les indications au fur et à mesure. -> La situation fonctionne, mais elle n’est ni confortable pour Monsieur A, qui doit être attentif au moins croisement de route pour être sûr de donner les informations, et qui devient désagréable au moindre contretemps, ni pour Madame B qui devient un accessoire supplémentaire inutile puisqu’elle ne sert qu’à actionner les commandes de la voiture.

Scenario 2 – Hiérarchie responsable

Monsieur A monte dans la voiture de Madame B, et lui indique qu’il veut aller à Lyon, place Bellecour et qu’il doit y être pour 14 heures. Confiant dans sa compétence professionnelle, il s’installe confortablement, et profite du voyage pour gérer ses mails, ses appels téléphoniques, ou simplement pour se reposer ou discuter avec Madame B. Madame B de son côté sait où elle va. Elle va pouvoir gérer son trajet, anticiper les difficultés de la route (travaux, bouchons…) pour amener Monsieur A à son RV pour l’heure prévue.

Quel scenario préférez vous ?

Punition, répression : la marque de l’impuissance

La punition (pour les enfants) ou la répression (pour les adultes) est toujours la réponse impuissante d’un groupe (société, entreprise, famille), à un comportement individuel considéré comme incompatible avec l’équilibre collectif.

Pourquoi impuissante ?

Car l’interdit et l’amende exonèrent l’individu (ou la société à une autre échelle) de sa connaissance et de sa responsabilité.

Que reste-t-il ? La liberté.

La liberté individuelle, revendiquée, recherchée, malmenée. Car elle est incomplète. C’est comme ne vouloir qu’un seul côté d’une pièce, une utopie irréaliste et impalpable.

Nous connaissons tous l’effet pervers des amendes infligées pour un résultat non atteint (émission de CO2 d’une voiture, construction de logements sociaux, remboursement des dégâts…) : ceux qui ont les moyens de payer considèrent qu’ils ont le droit d’agir ainsi, puisqu’ils paient ; tandis que ceux qui n’en ont pas les moyens considèrent cela comme une injustice, et cherchent non pas à changer leur manière d’agir, mais à obtenir les moyens de payer pour changer de catégorie…

L’argent et l’interdiction sont des réponses à court terme d’une hiérarchie directive dépassée par le monde qui l’entoure. Car la pyramide ne fonctionne plus. Le sommet est monté, monté, monté, sans s’appuyer sur la base. Pour quel résultat ? Un sommet fragile, déconnecté, que la base ne voit même plus…

Accepter la responsabilité pour obtenir la liberté

Je ne vis pas dans le monde des bisounours, et je sais que la solution n’arrivera pas d’un claquement de doigts. Ça fait des milliers d’années que nos sociétés humaines sont empoisonnées par cette recherche de pouvoir. Les habitudes ont la vie dure, et la guérison sera longue.

Mais si nous agissons, individuellement, chacun à notre niveau, nous pouvons influer sur la santé de cette pyramide. Nous pouvons étoffer la base, renforcer le lien entre les niveaux, ramener le sommet à une situation stable et équilibrée.

Qu’est-ce qu’être responsable dans notre société ? Comment l’être plus ?

Etre responsable, c’est accepter les conséquences de nos choix et de nos actions. C’est profiter de la liberté qui nous est offerte, mais c’est aussi reconnaître nos erreurs lorsqu’il y en a. C’est choisir d’agir, et d’aller de l’avant. C’est parfois accepter de faire le premier pas vers une réconciliation. C’est aussi ne porter que notre part. C’est être là pour les autres s’ils ont besoin de nous, mais c’est accepter leur responsabilité et leur indépendance. Ne pas agir à leur place. Les accompagner.

Je suis libre de faire des erreurs, et responsable de leurs conséquences. J’ai une place, la mienne, comme chacun de vous. Mais c’est ensemble que nos forces nous permettent d’aller plus loin. Pas parce que vous ferez la même chose que moi, ou de la même manière, mais au contraire parce que nos personnalités et nos forces individuelles se construisent sur nos différences et nos complémentarités.

Si j’accepte ma place, et que je sais que c’est la mienne et celle de personne d’autre, je n’ai plus peur de la perdre. Et je sais que vous avez chacun la vôtre. Ça ne veut pas dire que nous sommes indispensables, ça veut dire que nous sommes irremplaçables. Si vous pouvez prendre la place que j’occupais, vous ne pouvez pas prendre ma place, mais seulement trouver la vôtre.

 

Sandrine

Crédits photos : Pixabay, montage Yllaé Sandrine Besson

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Publié dans Réflexion sur la vie le

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À propos de l'auteur

Sandrine BESSON

Passionnée par le besoin d'apporter ma contribution à un monde plus heureux, j'ai diverses cordes à mon arc : blogueuse, scénariste de fictions radios (pseudo Vals), créatrice d'harmonie en relations (analyses de personnalité Ba Zi), experte en Feng Shui Traditionnel, formée en décoration d'intérieur et bâtiments passifs... J'aime partager mes...

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