Le don de soi dans le couple

Citation Le don de soi est-il réellement une preuve d’amour ?

Le don de soi est-il réellement une preuve d’amour ?

À première vue, il paraît évident de percevoir dans le « don de soi », une preuve irréfutable de l’amour que nous portons à l’autre. Tout comme il paraît dénué de sens de prôner l’amour sans y mettre sa propre personne au cœur de l’ouvrage. Néanmoins, ce dernier semble avoir ses limites principalement lorsque « l’excès » d’empathie l’emporte sur l’amour-propre, au sens le plus noble du terme.

Le don de soi, est par définition un dévouement total, voir un acte d’abnégation qui je cite est un sacrifice volontaire de soi-même, et de son intérêt. Vous l’aurez compris, cela laisse peu de place à la satisfaction du « soi » lorsqu’il est poussé à son extrême.

Alors quand faut-il poser les limites de ce don de soi ? Comment établir une frontière qui reste appréciable pour s’offrir un peu de douceur ?

Comment peut-on donner à l’autre sans s’oublier au passage ?

Cruel dilemme. Il n’est pas évident d’être pris entre cette envie permanente de bienveillance à destination de l’autre et cette même appétence dirigée vers son intimité la plus profonde. Jouer sur les deux tableaux n’est pas chose facile dans cet espace-temps où il nous est impossible d’accorder le même temps de qualité à l’autre qu’à soi-même.


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Il se peut alors que nous options pour le choix de prioriser l’autre au détriment du soi. Se faire passer au deuxième plan peut certes être une preuve d’amour naturelle et instinctive, mais également devenir un appel à la gratification et l’éloge extérieur voir une excuse plausible pour ne plus prendre soin de soi. Cela dépend de l’angle de vue depuis lequel on regarde la scène.

Je prends soin de l’autre puisque la société valorise ceux qui agissent de la sorte. Ainsi, cela me permet de jouir de l’image d’un bon mari ou d’une bonne épouse, dans laquelle je me complais parfaitement.

Je prends soin de l’autre parce que cela me permet de ne pas regarder en face, mes propres tracas intérieurs. Je préfère donc diriger mon énergie vers le bien-être de l’autre plutôt que m’épuiser sur ma cause jugée « perdue ».

Si l’ensemble de mon oxygène est destiné à l’autre, que me reste-t-il pour espérer respirer l’amour à pleins poumons ?

Vouloir TROP donner parce que la peur, le mental ou toute autre part de nous nous pousse à le faire :

  • Je te donne parce que j’ai peur que tu m’abandonnes
  • Je te donne parce que j’ai peur de ne pas réussir à combler ce vide qui t’habite
  • Je te donne pour que tu rappelles que tu as besoin de moi

Toutes ces mauvaises raisons qui en deviennent énergivores au point de laisser notre propre réservoir d’amour vide, ainsi que nos propres besoins sur le quai. Être toujours sur le qui-vive prêt à donner, combler, veiller ou encore satisfaire celui ou celle qui partage notre vie devient source de pression tout en condamnant notre « soi » dans l’oubli.

Vouloir TROP donner pour tenter de « guérir » les maux de l’autre en revêtant cette emblématique posture du « superman » ou devrais-je dire de sauveur. Donner à l’autre dans une posture thérapeutique pour espérer gagner des points sur l’échelle de l’amour et penser à tort que cela nous assure son amour et sa loyauté sur le long terme.

Je vois de plus en plus de couples aujourd’hui qui se sont spécialisés dans l’art du compromis dans lequel l’un des 2 acteurs semble prêt à se donner corps et âme pour satisfaire pleinement l’élu de son cœur. Même si pour cela, il se doit d’abandonner certaines choses qui lui font du bien et pour lesquelles il a un attrait dit « vital ».

Combien de fois ai-je entendu ce genre de phrases : « Je le fais par amour » et « Je renonce à cela pour préserver mon couple ». Dans quel jeu s’enferme-t-on réellement lorsqu’on rentre pleinement dans ce type de réflexion ? Dans une forme de sacrifice où les dommages collatéraux peuvent être irréversibles.

Sachez que je n’ai rien contre le compromis, bien au contraire. Je pense que la vie d’un couple est la résultante de nombreuses péripéties et que par conséquent, il est primordial de s’adapter aux variations de la vie sur lesquelles viennent sans cesse se greffer de nouvelles problématiques sur notre route. Ainsi, faire des compromis pour s’ouvrir à ce renouveau qui pointe le bout de son nez devient nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de la relation.

Je suis d’accord pour lâcher les choses futiles qui affaiblissent le couple et qui ne sont plus aidantes dans la vie de ce dernier, mais je ne suis pas d’accord avec le fait de lâcher celles qui nourrissent encore les individus qui le composent à part entière.

L’équilibre entre don de soi et amour de soi

Renoncer à ses intérêts, à une partie de sa vie sociale, à ses loisirs, n’est en aucun cas une preuve d’amour, mais davantage la résultante d’un jeu manipulatoire qui consiste à devenir un nouveau « Soi » pour espérer toujours être aimé de l’autre.

Soyons clair, si l’autre t’aime réellement, il ne te demandera jamais de faire une croix sur ce qui est important pour toi.

D’une part, parce que ta vie ne tourne pas autour de ta vie amoureuse et d’autre part, car ce sont tes autres domaines de vie qui viennent approfondir cet amour de toi que tu peux ensuite retransmettre à l’autre, dans cet espace d’intimité.

Si l’autre t’aime réellement, il sera toujours à même d’accueillir tes besoins avec bienveillance, même ceux qui paraissent sombres ou « pervers ». Les accueillir ne veut pas dire les satisfaire et se contraindre à y répondre. Juste être en capacité d’écouter l’autre dans un monde voir un langage différent du sien. Lui laisser un espace libre d’expression qui n’engage que lui et donc l’interprétation vous appartient.

L’amour, ce n’est pas donner 100% à l’autre, ce n’est pas non plus se priver de ses libertés et restreindre son cercle d’envies. L’amour est partage, liberté et amour de soi. C’est pourquoi, l’équilibre ne peut être valable que dans l’équation 1+1 = 3. Si l’homme ou la femme que je suis à part entière se mut dans une posture invisible, c’est tout le château de cartes qui risque de s’écrouler.

Tu sais, moi aussi, j’étais expert dans l’art de l’autocompromis. Au début de ma relation amoureuse actuelle, j’avais pris l’habitude de consacrer 110% de mon temps et de mon attention sur l’autre au détriment de mes amis et passions. Vus de l’extérieur, mes proches avaient tendance à pointer du doigt ma conjointe pour ce changement radical dont ils étaient victimes alors qu’elle n’y était strictement pour rien.

Ceci se passait uniquement entre moi et moi. Ressentant que cette relation était différente des autres et qu’il fallait que je donne « TOUT » pour lui donner la chance de grandir sereinement, je m’étais soudainement mis à modifier mon comportement pensant à tort que cela allait sécuriser mon avenir avec elle. Je pensais qu’en étant totalement focalisé sur elle, je limiterais les risques d’éloignement et garderait intact cet élan d’amour qui me comblait de la tête aux pieds.

Je compris quelque temps après que mes peurs et mes schémas de pensées limitants me sclérosaient dans une posture qui ne me convenait plus du tout.

L’ampleur était telle que je passais à côté d’une bonne partie de ma vie. Les plaisirs d’hier étaient devenus les contraintes d’aujourd’hui. Le temps passé avec mes amis n’était plus un temps d’amour et de présence authentique tant mon esprit s’interdisait de profiter de l’instant. Je pensais constamment à elle, à ce qu’elle était en train de faire, à nos retrouvailles, etc.. Mon don de soi pour les autres s’était perdu tout comme celui envers moi-même puisque je n’étais plus en mesure de me nourrir de ce que la vie m’offrait dans mes autres domaines de vie. Sans même le savoir, je délaissais certaines de mes valeurs les plus importantes.

Puis un jour, vous en venez à vous analyser, comme si vous étiez dissocié de vous-même, derrière cette caméra en parfait metteur en scène. Vous vous repassez ces scènes en boucle, vous les rejouez sous différents angles jusqu’au moment où il est temps de crier « COUPER ».

Ce que vous voyez ne vous plaît plus, vous n’êtes que l’ombre de vous-même, jamais totalement présent dans l’ici et maintenant et qui plus est, en train de perdre progressivement ceux qui d’antan faisaient votre bonheur Vous comprenez enfin que votre égoïsme du don de soi dirige uniquement sur une seule personne, vous-même !

Rééquilibrer ma vie a été pour moi révélateur. J’ai réappris à satisfaire chaque part de moi, le mari, l’ami, le père et l’homme à part entière. J’ai pris conscience que chaque « rôle » importe et que lorsque chacun d’entre eux est satisfait, mon amour pour ma femme ne cesse de croître.

Aujourd’hui, je ressens dans la globalité de mon être, toutes ses parts d’amour qui virevoltent et ne demandent qu’à s’exprimer auprès de toutes les personnes qui font partie de ma vie.

Geoffrey CUDIZIO

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