Pourquoi ça nous fait mal de voir les personnes que l’on aime quand on est hypersensible ? Comment surmonter la douleur de voir un proche souffrir ? Comment gérer et faire face à la souffrance de l’autre ?
La souffrance de l’autre est un sujet très sensible car il peut avoir un réel impact sur notre quotidien et sur notre tranquillité d’esprit. Que ce soit un ami, un parent, un proche, un conjoint, il est souvent difficile de savoir comment l’autre vit sa souffrance et comment le soulager.
Nous avons tous été dans cette situation, nous ne savons pas toujours comment réagir, et parfois, on se laisse dépasser par notre envie de bien faire. Dans ces moments, il est important de se rappeler que nous avons tous un fonctionnement qui nous est propre.
Certaines personnes, quand elles sont en souffrance se referment, d’autre ont besoin de parler, d’autres encore cherchent à fuir la situation afin de rester dans une forme de déni rassurant. Elles s’isolent, disparaissent, parfois même rejettent les gens auxquels elles sont les plus attachés pour les préserver. Souvent dans les situations ou l’autre déprime, il risque d’exprimer sa contrariété via le rejet.
Dans ces moments, en tant qu’hypersensible, on peut avoir le sentiment d’être incompris. Cette sensation est très désagréable, car elle nous renvoie souvent à une blessure, d’abandon ou de rejet. On va avoir tendance à se raccrocher à de vieux réflexes, sans prendre en compte la sensibilité de l’autre et se laisser guider par nos peurs.
Ces peurs vont activer notre cerveau dans des schémas qui vont forcément lui nuire (rumination, scénarios catastrophes, pensées toxiques, etc…) Le problème de ces mécanismes, au-delà de la toxicité qu’ils impliquent pour votre cerveau, c’est que dans ces scénarios, tout est ramené à vous. Or il s’agit de l’autre, de la souffrance de l’autre, et si votre cerveau ne se repose pas, il est peu probable que vous ayez les ressources pour être présent, le moment voulu, pour la personne que vous aimez et que vous voulez soutenir. Vous risquez de créer des griefs, des colères, des non-dits, non fondés à cause de votre cerveau qui vont impacter négativement votre volonté de soutenir l’autre.
Comment faire face à la souffrance de l’autre ?
Pas de panique, la première chose à faire en toute circonstance, c’est de prendre une profonde inspiration ! Et… on y va !
Voici 3 étapes pour gérer la situation lorsqu’un proche souffre :
Étape numéro 1 : Prendre conscience de ce qui se passe.
Quand on est sensible aux autres, dans les états émotionnels intenses, cette sensibilité est exacerbée, particulièrement quand la sphère affective est touchée. D’où l’importance de prendre du recul. A être trop sensible, on peut s’oublier et dépasser la sensibilité des autres, en voulant aller trop vite.
C’est normal ! en tant qu’hypersensible, on ne peut pas être insensible à la souffrance de l’autre. Tout le défi des situations de souffrance est de réussir à faire appel à sa propre intelligence émotionnelle. Prenez du recul pour ressentir ce qui est, apprenez le lâcher-prise. Face à la situation on peut avoir tendance à ne pas se rendre compte de tous ce que ça implique, par conséquent il s’agit d’abord de rentrer dans une phase d’observation. Si cela peut vous aider noter les faits :
Que se passe-t-il ?
Qu’est-ce qui change dans le comportement de l’autre ?
Qu’attend-t-il/elle de moi ?
Le fait d’écrire les faits sur une feuille de papier, vous permet de vous détacher de vos pensées toxiques, et de vos mécanismes « réflexes », afin de vous centrer sur la réalité (ce qui est) et vous détachez de votre imagination (ce qui n’est pas).
Une fois que vous êtes en pleine conscience de ce qui se passe, et que vous avez fait le tri entre la réalité et le rêve, voyez ce que vous pouvez faire… pour vous !
Dans les situations de souffrance, la chose la plus importante est d’être en paix avec vous-même.
Deuxième étape : dressez la liste des choses sur lesquelles vous n’avez aucun contrôle.
La réaction de l’autre, sa manière de gérer, sa façon de vous parler, et ce qu’il attend de vous. Comprenez bien que face à la souffrance, il s’agit de créer un équilibre. Pour vous, pour l’autre, et pour la relation que vous entretenez. Pour trouver cet équilibre, vous pouvez suivre le schéma suivant :
Ai-je fait tout ce qui était en mon pouvoir ?
Ai-je lâché prise par rapport à ce sur quoi je n’ai pas le pouvoir ?
Vous verrez qu’en prenant du recul, vous vous rendrez compte que le fait d’être en paix, vous protègera de la souffrance de l’autre, et par conséquent, vous rendra plus à même de supporter sa souffrance.
Étape 3 : Communiquez… et écoutez !
Il est aussi très important de communiquer. Il y a autant de façon d’aimer qu’il y a de gens. Je vous dirai même qu’il y autant de façon d’aimer qu’il y a de relations. Comprenez bien que votre manière de faire, n’est peut-être pas celle de votre partenaire.
Par exemple, si votre partenaire souffre, et vous demande de vous éloigner, et que vous estimez que par amour vous devez rester au plus près de lui, vous n’êtes juste pas d’accord. Ce n’est pas grave. Vous vous imaginez que s’il vous aime, il acceptera votre présence. Comprenez que lui se dit que si vous l’aimez, vous accepterez sa décision.
Il est très important de rester ouvert à la manière dont l’autre gère sa souffrance. Car n’oubliez jamais que la première personne concernée, c’est l’autre. Vous êtes un dommage collatéral, et l’autre, comme vous, fait de son mieux pour faire face à une situation de souffrance.
Dans cette configuration, il est important d’apprendre à gérer ses émotions. La souffrance de l’autre, surtout quand on est hypersensible, peut très vite déteindre sur nous, et on peut par empathie, ressentir une souffrance qui n’est pas la nôtre. Or, dans une situation de souffrance il est important de garder l’esprit clair, afin de rester positif pour permettre à l’autre de voir en vous une ancre à laquelle il saura se rattacher le moment venu. Dans une situation de souffrance, la personne qui la ressent peut vite être instable, et si vous, vous l’accompagner, il s’agira pour vous de rester stable, pour lui offrir, tout en respectant sa temporalité, la stabilité dont il a besoin.
Comprenons-nous bien. Ce n’est pas facile. Pour avoir cette attitude et être capable de rester positif, il faut réaliser un travail en profondeur. Pour être positif, ou rester positif, il vous faut affronter vos peurs. Car en réalité, la difficulté à comprendre la réaction de l’autre face à la souffrance vient d’abord et avant tout de nos propres peurs liées à notre passé, et à nos expériences. Ce sont ces peurs, qui nous rendent hermétiques à la façon de fonctionner de l’autre.
Voyez ça comme quand vous plongez dans une piscine : certaines personnes plongent d’un coup, d’autres ont besoin d’y aller une marche après l’autre… quand vous êtes la personne qui y va un pas après l’autre, vous DETESTEZ celui qui plonge juste à côté de vous, car il vous sort de votre zone de confort.
Alors, changez votre façon de penser. Revenez à la réalité : l’autre souffre. Reconnectez-vous à votre sensibilité, à votre empathie naturelle, afin de retrouver un état émotionnel contrôlé. Et sortir de cette impression de ne pas être dans la réalité. Parfois votre intuition vous joue des tours, parfois, votre intuition est dans le vrai, et vous guide vers le meilleur choix possible. La seule question que vous devrez vous poser est donc : suis-je en paix.
Donc. STOP. On s’arrête. On observe. Quelle est la situation ? Sur quoi puis-je agir ? Sur quoi n’ai-je aucun contrôle ?
On réfléchit (un peu) et on agit, pour être en paix, pour son bien, pour le bien de l’autre, et pour le bien de la relation qu’on entretient.
Seul dans votre coin, prenez aussi le temps d’exprimer vos émotions : Crier si vous êtes contrarié, pleurez si vous êtes déprimé, laisser vous allez à faire sortir des émotions afin de vous sentir apaisé face à la situation.
Encore une fois, restez sensible à l’état de l’autre. On parle souvent de vouloir être là pour l’autre, mais on oublie qu’il y a différentes manières d’être là, et que parfois, il s’agit aussi de se concentrer sur les besoins de la personne concernée. C’est normal, c’est humain. On a beau aimé inconditionnellement la personne, souvent, on l’aime aussi à travers la relation que l’on entretien avec elle, et c’est à cette relation, à cet « avant » que l’on souhaite se rattacher. Pourtant à travailler sur vos peurs, vous vous rendre compte que parfois, vous avez plus « peur d’avoir peur » que « peur de souffrir ».
En conclusion, ressentez. Restez attentif à ce que l’autre peut ressentir, ressentez ses émotions, et sachez trouver votre place, et votre équilibre dans la souffrance de l’autre, indépendamment de ce que l’autre vous réclame. Apprenez le langage de l’autre car, s’il y a différentes façons de souffrir, c’est d’abord et avant tout parce qu’il y a différentes façons d’aimer.