Donner, donner, et encore donner… jusqu’à nous sentir vidé… Pourquoi allons-nous si loin ?

Donner, donner, et encore donner… jusqu’à nous sentir vidé… Pourquoi allons-nous si loin ?

Il y a des phrases que l’on a entendues lorsqu’on était petit, qui restent et résonnent dans notre tête, de nombreuses années.

Ces phrases, puisqu’elles sont ancrées en nous comme étant quelque chose de vrai – car délivrées par une figure d’autorité en général – sont des phrases qui créent des croyances limitatives, qui induisent certaines perceptions, attitudes, et comportements, même à l’âge adulte.

Une des phrases que j’ai entendu petite, et même par la suite, dans mon couple par exemple, une phrase énoncée sous forme d’un reproche, était… que je n’étais pas généreuse, que je ne savais pas donner.

Petite, on me reprochait par exemple de ne pas vouloir donner une partie de mes friandises, ou de le faire sans cœur. On pouvait me reprocher également de ne pas vouloir donner un bisou à une personne particulière.

Comme pour toute croyance limitante, mon cerveau a fait en sorte de me prouver continuellement que je devais croire en cette affirmation, que c’était la vérité.

Ainsi, il a invité sur mon chemin, un certain nombre de situations où il m’était impossible de donner, des situations où j’ai eu droit de nouveau à cette remarque via une personne de mon entourage par exemple.

Par contre, tout ce que je pouvais donner, sans qu’on me le demande, ne me restait pas en mémoire… ni en mémoire de ceux qui me faisaient ce genre de remarques d’ailleurs.

Ce dont je ne m’étais pas rendue compte, c’est que dans toutes ces situations, il y avait une intention de me forcer à donner quelque chose, ou à donner quelque chose qui me conduisait à me priver de quelque chose.

D’un autre côté, à plusieurs reprises, on m’a également forcée à accepter certaines choses qui ne me convenaient pas, ou qui n’étaient pas importantes pour moi, ou pour lesquelles j’avais bien conscience que l’on me les donnait avec une attente de recevoir autre chose en retour.

Finalement, inconsciemment évidemment, je me suis retrouvée à essayer de me prouver, que si, je savais donner… et j’ai effectivement donné beaucoup de moi-même, à mes proches en particulier, donner sans me rendre compte que c’était justement ce que je faisais… jusqu’à me vider.

Et pourtant, tout cela ne suffisait pas à désincruster ce reproche, qui résonnait encore dans ma tête. Tout ce que je pouvais faire, n’était jamais assez… et c’était également le reflet qu’on me renvoyait…

J’ai fini par me sentir frustrée, mais surtout négligée. Ce qui m’a conduit à me sentir blessée, souvent… car tout ce que je pouvais donner, n’était pas pris en compte, n’était pas pris en considération, n’était pas mis en valeur, ni par les autres, ni par moi-même d’ailleurs.

Comment cela aurait-il pu être valorisé… puisque moi-même, je ne le considérais pas cela comme « donner » ?

Malheureusement, dans notre éducation, on nous apprend à donner, en général pour être gentil – un gentil garçon, une gentille fille – autrement dit, faire plaisir à l’autre, satisfaire l’autre.

Il y a dans cet apprentissage, un sous-entendu, qui nous dit que c’est par ce moyen, que je serai aimé en retour.

Ainsi, cette façon de donner, est accompagnée d’une attente inconsciente. Et si cette attente n’est pas assouvie, il y a frustration. Ce qui va nous amener à donner encore davantage. Et plus on va continuer à donner avec cette attente, plus on va se vider, et se sentir négligé… car non aimé. Cela peut conduire d’ailleurs à toute sorte de réactions, en chaîne, comme la colère, la tristesse, l’auto-sabotage, le renoncement de soi, et autres…

Cette façon de donner conduit en fait à de l’attachement, et pas forcément à de l’amour. C’est l’une des confusions provenant de notre éducation.

Un vrai don n’est pas censé contenir une attente en retour. Sinon, c’est qu’il s’agit en fait d’une sorte de manipulation inconsciente.

Si en donnant, cela me conduit à me priver de quelque chose – même si ce quelque chose n’est pas matériel – cela signifie que ce n’est pas un vrai don. Car cela signifie que je me prive de quelque chose dans le but d’obtenir autre chose en retour. Donc il y a une attente… et donc il y a risque de ressentir un vide si l’on ne l’obtient pas.

Être capable de donner sans avoir l’impression de se démunir de quelque chose, ne peut être qu’accompagné d’amour… pas d’attachement.

Et ce don là, n’est possible, que si l’on est d’abord capable de se donner à soi… et ensuite de recevoir… mais recevoir non pas comme un dû… juste accepter ce que l’on nous donne.

Et si nous arrêtions de donner pour être gentils, et que nous soyons tout simplement plus vrais ?

Estelle Morioussef – Thérapeute en développement personnel

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